obstiné

obstiné

obstiné, ée [ ɔpstine ] adj.
• v. 1220; lat. obstinatus
1Qui s'attache avec énergie et de manière durable à une manière d'agir, à une idée. constant, entêté, opiniâtre, persévérant, tenace, têtu, volontaire. « L'entêtement d'une femme obstinée » (Rousseau). « obstinés dans leurs rancunes » (Michelet).
2(Choses) Qui marque de l'obstination. Effort, travail obstiné. acharné, assidu. « La résistance la plus obstinée » (Michelet).
⊗ CONTR. Docile, inconstant.

obstiné, obstinée nom Personne qui persévère dans ses actions sans vouloir rien entendre.

obstiné, ée
adj. et n. Qui a de l'obstination; qui dénote l'obstination.
|| Subst. Un(e) obstiné(e).

⇒OBSTINÉ, -ÉE, adj.
A. —1. [En parlant d'une pers.]
a) Qui s'attache fermement, avec constance à une idée, à une conviction, à une résolution, à une entreprise. Synon. acharné, opiniâtre, persévérant, tenace. Adversaire, chercheur obstiné. Le président eut beau l'interroger par toutes les menaces et par toutes les prières, l'obstiné jeune homme resta inflexible (HUGO, Han d'Isl., 1823, p.475). Barrès et Poincaré, deux grands citoyens bourgeois. Travailleurs obstinés et économes, pour qui la nation, c'est eux-mêmes (BLANCHE, Modèles, 1928, p.75).
[Avec compl. prép.]
Obstiné à + inf. Ils étaient les plus durs, et les plus obstinés à rendre la terre fertile (BOSCO, Mas Théot., 1945, p.354).
Obstiné dans + subst. Le public français est encore plus obstiné dans ses admirations que les auteurs dans leurs principes (STENDHAL, Racine et Shakspeare, 1825, p.74).
P. anal. [En parlant du comportement d'un animal] Des brancardiers qui multiplient des efforts inouïs pour grimper en portant un corps et font penser à des fourmis obstinées repoussées par des successions de grains de sable (BARBUSSE, Feu, 1916, p.299).
Emploi subst. Le malheureux obstiné qui, insoucieux de l'indifférence ou de la réprobation qui l'attendent, s'acharne à fouiller encore les régions obscures [de l'âme, des sentiments] dans l'espoir d'en extraire quelques parcelles d'une matière inconnue (SARRAUTE, Ére soupçon, 1956, p.85).
b) Péj. Qui est fixé dans sa conviction ou dans sa détermination et est hostile à tout argument ou élément pouvant la modifier. Synon. buté, entêté, têtu. Il était inconstant et obstiné, n'écoutait aucun conseil (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.89). André (...) ne pouvait rien comprendre à l'attitude de son père, et le traitait en béotien incompréhensif et obstiné (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p.160).
P. anal. [En parlant d'un animal] Il ne s'emportait jamais, content d'égaler en obstination le plus obstiné de ses mulets (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p.305).
Emploi subst. Elle avait envie, une envie folle de prendre par le cou cette vieille bourrique, cette vieille têtue, cette vieille obstinée, et d'arrêter, en serrant un peu, ce petit souffle rapide qui lui volait son temps et son argent (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Diable, 1886, p.240). V. fesser A 1 ex. de Colette.
2. a) [En parlant d'une expression, d'une attitude, d'une action humaine] Qui manifeste ou qui dénote de la fermeté, de la persévérance, de la constance, de la ténacité. Des qualités rares de vendeuse, la douceur obstinée, la conviction souriante (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p.634). Derrière ses lunettes en fil de fer, luisait un regard ferme, obstiné, et fort alerte encore (MARTIN DU G., Confid. afric., 1931, p.1111). V. ajustage ex. 12:
♦ Je n'ai jamais su vouloir que sous l'influence aiguë d'une passion, d'une colère, d'un désir, et non pas vouloir d'une volonté calme et fervente, résignée et obstinée.
SAINTE-BEUVE, Corresp., t.1, 1831, p.252.
[Avec compl. prép.] Obstiné à + subst. Ces bucoliques s'accommodaient d'un certain état de l'âme, éloigné du bonheur, craintif mais obstiné à l'espoir (COLETTE, Chambre d'hôtel, 1940, p.195).
SYNT. Air, caractère, front, menton, visage, ton obstiné; acharnement, aveuglement, courage, désir, mutisme, refus obstiné; ambition, attente, dénégations, espérance, foi, patience, résistance obstinée(s); efforts, marchandages obstinés; guerre, lutte, questions obstinée(s).
b) Péj. [En parlant d'une expr. humaine] Qui manifeste l'hostilité à toute discussion, à tout changement. Synon. buté. Jusserand avait le visage dur, obstiné d'un enfant qui a fait une faute (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p.222).
B. —[En parlant d'une chose] Constant; persistant; tenace. C'est encore le moment de parcourir les bois, malgré la brume obstinée du matin (NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p.566). Il prit celui [le chemin] des buttes, que la tempête assiégeait et que noyait une pluie obstinée (A. FRANCE, Chat maigre, 1879, p.167). On n'entendait que (...) le doux bruit soyeux, obstiné de la pluie qui remplissait l'étendue (THARAUD, Randonnée Samba Diouf, 1922, p.101).
En partic. [En parlant d'une maladie] Diarrhée obstinée. La toux se fit moins obstinée, ses mains et son front moins brûlants (THARAUD, Ombre de la Croix, 1917, p.252). Mon rhume obstiné m'assourdit au point que je ne puis suivre que fort mal la très intéressante conversation (GIDE, Journal, 1942, p.107).
MUS. Basse obstinée. Synon. de basse contrainte. Une vaste et calme déploration, qui se déroule lentement sur la descente chromatique d'une «basse obstinée» (ROLLAND, Beethoven, 1937, p.366).
REM. Obstineux, ostineux, astineux, -euse, adj., région. (Canada). Qui s'obstine, qui contredit. Ils sont astineux: aussitôt qu'un dit quelque chose, l'autre le contredit (Canada 1930).
Prononc. et Orth.:[]. MART. Comment prononce 1913, p.210 met en garde contre des prononc. [-] dans obstiné, obstination, ,,quoique cette prononciation ait été correcte jusqu'au milieu du XVIIe siècle, dans tous les mots commençants par abs-, obs-, subs-, où les grammairiens avaient rétabli récemment le b``; cette dernière prononc. est encore fréq. au Canada fr. pour les mots de cette famille, dont elle influence parfois la graph. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié du XIVe s. «qui persévère dans son entreprise» (ROQUES t.1, III, 3890); 2. 1417 «qui comporte une certaine opiniâtreté» (Ordonnances, X, 427 ds GDF. Compl.:ostiné propos); 3. 1669 «assidu, constant» (MOLIÈRE, Tartuffe, IV, 5: rhume obstiné). Empr. au lat. class. obstinatus «constant, persévérant, opiniâtre, résolu», part. passé adj. de obstinare (v. obstiner).

obstiné, ée [ɔpstine] adj.
ÉTYM. V. 1220; au sens 2, v. 1180; lat. obstinatus, p. p. de obstinare.
1 (Personnes). Qui s'attache avec énergie et de manière durable à une manière d'être, d'agir, à une idée, à un projet (généralement par parti-pris, peur du changement, orgueil, esprit de contradiction, incompréhension…). (Péj.) Entêté, opiniâtre, têtu (→ Mauvaise tête); (en bonne part) constant, persévérant, tenace, volontaire.L'entêtement d'une personne obstinée.
Vx. || Être obstiné à son refus. || Malade obstiné à se taire (→ Gangrener, cit. 1). Mod. || Il est vraiment obstiné dans ses erreurs.
1 Il était bien plus probable qu'obstinés dans leurs rancunes, et désirant moins encore être sauvés que vengés, ils rejetteraient du pied cette planche de sauvetage (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, X.
N. (Un obstiné, une obstinée). → Balourd, cit. 3.
2 (Choses, actes). Qui marque de l'obstination. || Effort, travail obstiné. Assidu (→ Écouvillon, cit. 2; mémoire, cit. 20). || D'une manière obstinée. Obstinément. || Opposition (→ Irriter, cit. 15), rage obstinée (→ Harceler, cit. 8). || Cœur obstiné (→ Excuser, cit. 7). || Besoin obstiné de croire (→ Foi, cit. 21).
2 Qu'attendez-vous ? Rompez ce silence obstiné.
Racine, Andromaque, III, 6.
3 La résistance la plus obstinée fut celle du Parlement de Bretagne.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., III, IV.
4 Il se tenait sur l'idée qu'il avait une fois faite sienne avec cette application obstinée, minutieuse et si souvent bizarre que l'on voit chez les dessinateurs lorrains.
M. Barrès, la Colline inspirée, II.
(D'une maladie). Qui ne guérit pas. || Un rhume obstiné. Persistant, tenace (→ Jus, cit. 1).
CONTR. Compréhensif, docile, inconstant.
DÉR. Obstinément.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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